Modèles bioéconomiques appliqués aux socio-écosystèmes terrestres: une perspective socio-historique et institutionnelle

Stage niveau Master 2 : Modèles bioéconomiques appliqués aux socio-écosystèmes terrestres: une perspective socio-historique et institutionnelle

[Stage Niveau Master 2] Modèles bioéconomiques appliqués aux socio-écosystèmes terrestres: une perspective socio-historique et institutionnelle

Contact: Lauriane Mouysset, chargée de recherche CNRS (HDR)

Simon Jean, doctorant en économie écologique

Baptiste Parent, doctorant en économie et histoire de la pensée économique

Conditions:

Durée du contrat : 6 mois

Date d’entrée en fonction : février 2023

Salaire : 625e/mois

Localisation : CIRED – Nogent-sur-Marne

Profil recherché :

Étudiant en master (idéalement master 2 ou césure) en sciences sociales et un attrait pour les questions en lien avec la biodiversité et l’interdisciplinarité

Une connaissance de R et/ou Python

Une lecture fluide de l’anglais scientifique

Contexte

Le Millenium Ecosystem Assessment, la Convention de la Diversité Biologique ou encore la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) alertent quant à l’actuelle dégradation des services écosystémiques et de la biodiversité. La biodiversité terrestre, en particulier, connaît une pression importante, en raison de la concurrence qu’elle entretient avec les activités humaines pour l’utilisation des terres. En effet, l’urbanisation ou les changements d’utilisation des terres agricoles des dernières décennies ont été identifiés comme des moteurs majeurs de l’érosion de la biodiversité terrestre, via la dégradation de la qualité des habitats, qui altère la survie des espèces.

Pour enrayer ce déclin, il est nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques de gestion fondées sur l’identification de trajectoires soutenables des socio-écosystèmes, qui doivent donc s’appuyer sur une compréhension fine de la co-évolution des systèmes socio-économiques et naturels. Pour ce faire, des travaux de modélisation à l’interface entre économie et écologie ont vu le jour, en premier lieu pour les ressources halieutiques, dès les années 1950, puis, en réponse aux pressions anthropogéniques grandissantes et grâce à l’amélioration substantielle des connaissances sur les écosystèmes, pour les écosystèmes terrestres à partir des années 80. Ces modèles, dits « bioéconomiques » ou « écologiques-économiques », reposent sur une représentation du fonctionnement de systèmes sociaux et écologiques, ainsi que des interactions entre eux (par exemple, l’influence humaine sur l’écosystème peut se manifester par une pression directe, liée à une prédation, ou indirecte avec une dégradation de la qualité des habitats).

Pour contribuer à y voir plus clair face à la prolifération de ces travaux de recherche interdisciplinaires, nous avons réalisé une première recension et classification des modèles économiques-écologiques pour la gestion de la biodiversité terrestre (Jean et Mouysset, 2022). Ce travail a abouti à une typologie des modèles existants dans la littérature en fonction de la spécification du modèle (représentation des processus économiques et écologiques, couplage des deux modèles, types de résolution… ) et du « narratif » qui accompagne la modélisation formelle dans les articles. Il a permis de faire apparaître quatre grandes familles de modèles, répondant à des problématiques distinctes, et généralement associés à des choix méthodologiques différenciant: en particulier, l’importance de la monétisation du vivant et le domaine d’application de la question de recherche. Schématiquement, deux tendances se dégagent, entre économie de l’exploitation et économie de la conservation. Si l’économie de l’exploitation cherche le volume optimal d’extraction
d’espèces dont la valeur économique est supposée connue, l’économie de la conservation de son côté cherche à déterminer la façon optimale de protéger ces espèces, en ayant pour seule connaissance leur coût de préservation. Ces deux tendances se sont diversifiées dans un mouvement présentant une complexité méthodologique ainsi que des cas de réflexion et d’application diversifiés.

En complément de cette cartographie méthodologique, centrée sur les travaux scientifiques eux-mêmes, il nous apparaît aujourd’hui pertinent d’explorer l’aspect socio-historique des communautés de pratique qui réalisent les travaux de modélisation écologique-économique. Si ces travaux apparaissent comme interdisciplinaires dans leurs résultats (les modèles obtenus comportent des modules de plusieurs disciplines), la question du processus de construction de ces modèles, de la trajectoire qui conduit à l’interdisciplinarité reste ouverte. Étant acquis que les travaux combinant économie et écologie sont une nécessité pour améliorer la gestion des socio-écosystèmes, une compréhension plus fine des parcours (individuels ou collectifs) et des institutions qui portent le développement de ces travaux permettrait de contribuer au développement de cette recherche.

Concrètement, le stage vise à explorer cet enjeu de recherche en participant à l’analyse institutionnelle et socio-historique de la base de données d’articles déjà constituée et étudiée sous l’angle méthodologique. L’étudiant.e s’appuiera sur les données para-textuelles de cette base (caractéristique des auteur.ices des articles, institutions de rattachement, ancrages disciplinaires, citations entre articles…) pour réaliser de nouvelles analyses quantitatives. Il s’agira dans un premier temps de se familiariser avec la base de données existante et de la compléter avec notamment des données bibliométriques, en utilisant les bases de données académiques telles que Scopus ou Web of Science. Dans un second temps, la ou le stagiaire recherchera dans la littérature en études des sciences et des techniques les méthodes et outils quantitatifs pertinents, qui seront par la suite appliqués pour rendre compte de l’organisation institutionnelle de ce champ interdisciplinaires. Il pourra s’agir, par exemple, de retracer des réseaux de citations entre disciplines, entre institutions, ou de reconstruire des parcours de chercheur.euse.s frontières, pour identifier les moteurs et les déterminants de l’interdisciplinarité dans la recherche en modélisation bioéconomique. A terme, il s’agira également de croiser les deux analyses, méthodologique et institutionnelle, pour développer une compréhension complète de cette pratique de modélisation.

Ce projet interdisciplinaire associe sciences économiques, écologiques et étude des sciences et des techniques. L’étudiant.e devra avoir des compétences en économie, une maitrise des outils de programmation informatique (maitrise de R ou d’un langage équivalent) ainsi qu’un intérêt marqué pour l’écologie (scientifique) et les sciences sociales. Le stage sera co-encadré par Lauriane Mouysset, Baptiste Parent et Simon Jean et aura lieu au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) à Nogent-sur-Marne (télétravail envisageable).

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