Soutenance de thèse: Emilien Ravigné

Soutenance de thèse : Emilien Ravigné

Politiques climatiques justes et changement technique : essais sur les impacts distributifs et l’acceptabilité sociale des mesures de neutralité carbone

Emilien Ravigné, Pascal da Costa, Frédéric Ghersi et Mehdi Senouci

8 décembre

à CentraleSupélec à 14h
3 rue Joliot-Curie, Gif-sur-Yvette (plateau de Saclay)
(Amphi IV, bâtiment Eiffel, susceptible d’être modifié)

Résumé

Le changement climatique est principalement dû aux activités humaines, et s’il n’est pas limité rapidement il causera des dommages énormes aux populations les plus fragiles. La réduction des émissions de gaz à effet va demander des efforts et investissements massifs. Cette thèse étudie comment les coûts des politiques d’atténuation du changement climatique sont distribués entre les ménages et les travailleurs afin de maximiser leur acceptabilité sociale. Cette thèse est composée de 4 chapitres indépendants répartis entre l’étude des impacts sur la consommation et les revenus des ménages.

Dans le premier chapitre, co-écrit avec Franck Nadaud, nous étudions comment les ménages réagissent à l’introduction d’une taxe carbone suivie de la redistribution des revenus collectés. Nous estimons les élasticités prix et revenus de 40 classes de ménages pour 14 biens et construisons un modèle de microsimulation comportemental. Redistribuer l’intégralité des recettes de la taxe carbone limite la réduction des émissions mais permet d’assurer la progressivité de la taxe qui sinon pèse plus largement sur les bas- revenus et les ruraux. Nous trouvons qu’une taxe carbone de 158€/tCO2eq redistribuée à part égale par habitant aux ménages réduirait l’empreinte carbone totale des ménages de 5,9% et de 7,4% si les 20% les plus riches étaient exclus du recyclage. Nous mettons en lumière l’existence d’un effet pervers (« backfire ») contre-intuitif, pour près d’un quart des ménages qui augmentent leurs émissions après l’introduction de la taxe et du système de recyclage.

Le deuxième chapitre, publié avec Frédéric Ghersi et Franck Nadaud, étudie les impacts distributifs d’un ensemble de politiques climatiques permettant d’atteindre la neutralité carbone en France. Ces mesures comprennent une taxe carbone croissante, des subventions aux rénovations thermiques et à l’achat de véhicules électriques. Nous modélisons ces mesures à l’échelle agrégée et à l’échelle des ménages en couplant un modèle de microsimulation avec un modèle macroéconomique. Nous concluons que l’ensemble des mesures est régressif s’il n’y a pas de recyclage des recettes de la taxe carbone. En d’autres termes, les subventions aux technologies bas-carbone ne compensent pas la régressivité de la taxe carbone à court terme. Toutefois, une répartition des subventions ciblée sur les ménages énergivores est essentielle pour maximiser la réduction des émissions et limiter les inégalités territoriales entre les zones urbaines et rurales.

Le troisième chapitre étudie les déterminants du changement technique. Nous développons avec Mehdi Senouci un cadre de comptabilité du changement technique et de la croissance permettant de désagréger la substitution des facteurs et les différentes directions du changement technique pour diverses industries. Nous concluons que la plupart des industries Européennes et Etats-Uniennes entre 1970 et 2019 innovent pour économiser du capital (capital-saving), avec une tendance croissante à innover pour économise sur le travail (labour-saving). Nous montrons que les industries ont tendance à innover pour se passer de travail lorsque le coût de celui-ci augmente relativement par rapport au coût du capital. Nous concluons que le changement technique est, au moins en partie, induit par les prix. Nous proposons une extension préliminaire de ce cadre à plusieurs facteurs, incluant l’énergie.

Le quatrième et dernier chapitre, publié avec Pascal da Costa, est une étude de cas de l’adoption d’une technologie verte, les camions au gaz naturel, dans la supply chaine d’une grande entreprise. Nous montrons que les conditions réelles d’utilisation, tant économiques que physiques, peuvent nuancer les gains écologiques des camions s’ils n’utilisent pas de biogaz. Les politiques publiques —- taxes et subventions –– si elles sont bien construites permettent d’encourager l’adoption de ces camions et l’utilisation de biogaz pour réduire massivement les émissions du secteur routier.

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