Soutenance de thèse : Christophe Cassen

PhD defense: Christophe Cassen

Le dilemme climat/développement dans les négociations internationales sur le climat : Histoire d’un réductionnisme climato-centré (1990-2022)

Christophe Cassen, sous la direction de Jean-Charles Hourcade

18 octobre

À 10h dans l’amphi du 1er étage

Résumé

La thèse analyse la tension persistante climat-développement au sein des négociations climat comme le résultat d’un processus de co-évolution entre des modalités de coordination et une Climate Policy Engineering au sein de laquelle la modélisation technico-économique occupe une position singulière. Elle mobilise à cet effet la notion de dépendance au sentier et s’appuie sur une diversité de sources : littérature académique et grise, archives du CIRED, interviews d’acteurs. Elle met ainsi en évidence au cœur de cette tension une dépendance au sentier à l’égard d’une coordination par les objectifs et vis-à-vis des enjeux d’équité.

Quatre principaux moments de co-évolutions entre ce processus et une Climate Policy Engineering sont examinés jusqu’à l’Accord de Paris : i) l’échec du projet d’écotaxe européen (1990-1992), ii) les négociations autour des mécanismes de flexibilité du Protocole (1995-2001), iii) l’intégration de mécanismes de soutien aux politiques climatiques à destination du Sud en amont de Bali (NAMAs) (2001-2007) et iv) l’institutionnalisation de l’objectif 2°C (2007-2015). Les ressorts de l’hégémonie des modèles intégrés (IAMs) dans la production de scénarios 2°C en amont de l’AR5 et les implications d’un réductionnisme ‘technico-centré’ des scénarios sont plus particulièrement examinés au sein du 4e moment. L’émergence et le rôle d’un répertoire de pratiques et de collaboration dans la structuration de la communauté des IAMs sont en particulier mis en lumière. Un 5e moment Post-Paris souligne le décalage entre l’agenda des IAMs et la prise en compte des modalités de bifurcation des sentiers de développement à court terme posés par la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Il s’intéresse également au déplacement du dilemme climat-développement dans le recours à la modélisation par la construction des stratégies nationales de décarbonation (SND).

La thèse conclut d’une part que la récurrence des tensions climat-développement a été favorisée par l’empilement et l’enchevêtrement institutionnel qui caractérisent les dynamiques incrémentales de changement des modalités de coordination. Elle montre, d’autre part, une Climate Policy Engineering tiraillée par des conceptions antagonistes de l’articulation climat-développement qui tiennent à la fois à des stratégies d’alignement avec l’agenda des négociations ainsi qu’à des dynamiques internes en partie persistantes (asymétrie Nord-Sud, réductionnisme technico-centré, effet de communauté). Ceci appelle en guise d’ouverture à approfondir l’examen des transformations des dispositifs nationaux et internationaux de modélisation face au défi de la neutralité carbone et des recompositions de la coopération Nord-Sud.

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