Colloque « Quel futur pour l’industrie dans les territoires métropolitains ? »
Organisateurs :
Nadine LEVRATTO, Directrice de Recherche au CNRS, EconomiX, unité mixte de recherche, CNRS – université Paris Nanterre
Gilles CRAGUE, Directeur de recherche à l’Ecole des Ponts Paristech, CIRED, unité mixte de recherche, CNRS – Ecole des Ponts ParisTech
Présentation
L’image de l’industrie dans les milieux urbains synonyme de dommages, accidents et autres nuisances est négativement connotée. Le mouvement global de désindustrialisation, la disqualification des usines au profit de l’économie de la connaissance et les politiques d’aménagement ont provoqué un recul de l’emploi industriel mais pas son reflux des villes. Des études mentionnent que 60% des emplois industriels se situent dans les plus grands pôles urbains français.
Les nouvelles formes d’organisation de la production et les risques liés au changement climatique appellent toutefois une révision du mode traditionnel d’organisation du territoire reléguant dans les espaces peu denses les activités de production. La crise globale de 2009 a également mis à mal le principe selon lequel la croissance économique et le dynamisme de l’emploi trouvaient leur source dans les activités résidentielles, les territoires ayant perdu leurs usines étant également ceux qui, aujourd’hui, rencontrent les plus grandes difficultés économiques. A l’opposé, ceux qui ont su préserver une activité industrielle voient leur trajectoire plutôt avantagée au regard des territoires qui se sont principalement spécialisés dans les services, aux ménages notamment. Enfin, la « géographie du mécontentement » croisant les mouvements et votes protestataires d’une part et l’évolution du tissu productif de l’autre souligne le rôle du recul de l’industrie dans les fractures territoriales et sociales.
Afin d’éviter que les villes se transforment en musées réservés à la classe créative et aux plus fortunés, tout en favorisant la proximité entre les lieux de production et de consommation des biens rendue nécessaire par la transition écologique, le colloque réunira universitaires et praticiens pour évoquer les conditions permissives d’une réindustrialisation des zones urbaines denses et les formes industrielles compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques. En effet, si le retour d’activités industrielles correspondant au modèle de production de masse n’est pas envisageable, les nouvelles technologies et les nouveaux modes d’organisation de la production fondés sur le numérique rendent possible la présence d’entreprises « en ville ». FabLabs, co-working et tiers lieux sont les figures emblématiques mais aussi restrictives des villes qui voient leur avenir dans le productif. Au-delà de ce « nouvel artisanat » porté par le numérique, la notion de ville productive apparaît plus largement comme une réponse à la standardisation des grandes villes en favorisant l’accueil d’activités et de personnes diverses. C’est, par ailleurs, un moyen d’intégrer les dimensions économiques, sociales et écologiques de la ville qui, toutes trois, semblent en crise aujourd’hui.
Le colloque permettra d’évoquer ces différents aspects dans le cadre de deux tables-rondes réunissant universitaires, praticiens et industriels.