Anne Guillemot

Depuis la fin des années 2000, le véhicule électrique (VE) s’est installé sur la scène européenne comme une solution technologique tout à la fois crédible pour le marché de la mobilité individuelle et à même de répondre aux objectifs ambitieux de l’Union européenne (UE) en matière de réduction des émissions de CO2 dans le secteur des transports, participant plus largement à la transition vers une économie décarbonée. Or, l’essor du marché du VE apparaît étroitement dépendant de la disponibilité d’une offre de recharge en accès public, dont l’objet est tout autant de lever les préventions des acquéreurs potentiels, que de permettre un usage du VE facilité, et aussi proche que possible de celui du véhicule thermique. Le projet européen pour la recharge des véhicules électriques ambitionne le déploiement, par le secteur privé, d’une infrastructure harmonisée et non discriminante pour les usagers à l’échelle de l’UE. Une partie de l’industrie européenne, convertie aux services, promeut quant à elle le déploiement de services de mobilité électrique paneuropéens, et s’efforce de (re)cadrer le projet européen autour de cette proposition.

A partir d’une analyse de deux cas de « real-life trials », projets opérationnalisant un concept européen original d’accompagnement du secteur privé dans le développement d’une activité économique autour de l’infrastructure de recharge, ce travail de thèse met en lumière un mécanisme essentiel pour l’avancement et la maturation du projet européen en matière de recharge des véhicules électriques : l’essai grandeur nature. Dispositif organisé et expérience d’innovation « glocale », l’essai grandeur nature éclaire les conditions de la concrétisation du déploiement de l’offre de recharge en Europe.